
L'ennui au travail, également désigné par l'anglicisme « bore-out », peut être défini comme un comme syndrome d'épuisement professionnel par l'ennui, un épuisement physique et mental dû à une insuffisance de sollicitations professionnelles.
Les conséquences du bore-out peuvent être importantes sur votre santé physique, psychique et sur votre emploi : perte d'estime de vous, perte de confiance en vous, fatigue, stress, troubles musculosquelettiques (TMS), difficultés relationnelles, risque de dépression...
Très souvent, les victimes ne réagissent pas, laissent la situation s'envenimer, adoptant un comportement passif-agressif plutôt que constructif. L'ennui est difficile à vivre, est honteux. Le danger est réel pour vous, pour votre équipe et votre entreprise.
Suivez nos conseils pour prévenir et lutter contre l'ennui au travail.
1. Identifiez les causes de votre ennui au travail
On recense deux causes d'ennui au travail : les tâches sont ennuyeuses pour vous ou vous n'avez pas assez de travail pour occuper vos journées. Commencez par identifier les causes qui vous concernent :
Prenez du recul sur votre situation professionnelle
Faites le point :
- Le poste que vous occupez correspond-il à vos compétences, à vos aspirations ? Avez-vous choisi le mauvais emploi ?
- Êtes-vous arrivé au bout de ce poste ? Est-ce le signe d'un besoin de vous reconvertir ?
- Faites attention à l'effet « boule de neige », si vous vivez une période difficile et éprouvante dans votre vie personnelle, il est possible que cela entache votre perception de votre travail. Prenez le temps de résoudre vos difficultés personnelles avant d'envisager un changement dans votre travail. Vous vous trompez peut-être de problème.
Votre ennui vient des tâches qui vous sont confiées
- Vous êtes surqualifié pour les tâches que vous avez à réaliser.
- Votre travail n'a aucun sens.
- Votre travail est routinier et vous désintéresse.
- Votre travail vous ennui.
- Rien ne va dans votre vie.
Votre ennui vient d’un manque de travail
- L'entreprise a une baisse de commande et ne peut vous fournir suffisamment de travail.
- Vous êtes trop nombreux aux mêmes fonctions, il n'y a pas assez de travail pour tous.
- Vous êtes arrivé à la fin d'un projet.
- L'entreprise est en phase de réorganisation.
- Un nouveau ou une nouvelle directrice vient d'arriver, il y a une période de flottement.
- Vous êtes mis au placard.
2. Réagissez face à des tâches ennuyeuses
Réagissez avant que l'ennui ne s'installe et que la situation ne s'envenime. Retrouvez de l'enthousiasme et cassez la routine, l'ennui vient aussi de l'habitude. Il suffit parfois de changer une façon de faire :
- Défoulez-vous, détendez-vous dans votre vie personnelle, faites-vous plaisir : sport, loisirs, association, amis, famille.
- Trouvez des dérivatifs : pause sur internet, plaisanteries avec vos collègues. Le rire est salvateur.
- Documentez-vous, faites des recherches sur internet sur l'objet de votre travail, sur les projets auxquels vous participez. Vous redonnerez ainsi du sens à votre activité.
- Dans la plupart des activités, il y a des tâches ennuyeuses : commencez par celles-ci, les autres vous paraîtront beaucoup plus intéressantes et vous rentrerez chez vous de bonne humeur.
Astuce : changez chaque jour une façon de faire.
3. Réagissez face à un manque de travail
Dénoncez une situation de harcèlement moral
Vous avez été privé de travail ou vous n'avez pas assez de travail car vous avez été mis au placard, dénoncez cette situation, c'est un cas de harcèlement basé sur l'ennui :
- Rencontrez vos supérieurs hiérarchiques, le service des ressources humaines, la médecine du travail…
- Protégez-vous : notez pas écrit tout ce qui vous trouble, conservez les preuves du harcèlement (e-mails, non-convocations aux réunions, etc.) si vous décidez de porter plainte. Trouvez des alliés qui vous soutiendront au quotidien, prenez du temps pour vous détendre hors du travail.
Bon à savoir : la loi n° 2018-703 du 3 août 2018 a élargi les faits constituant un harcèlement moral. Désormais, on considère qu'il y a harcèlement moral lorsque les « propos ou comportements sont imposés à une même victime par plusieurs personnes, de manière concertée ou à l'instigation de l'une d'elles, alors même que chacune de ces personnes n'a pas agi de façon répétée » ou lorsque les « propos ou comportements sont imposés à une même victime, successivement, par plusieurs personnes qui, même en l'absence de concertation, savent que ces propos ou comportements caractérisent une répétition ». Par ailleurs, le fait de commettre des faits de harcèlement via un support numérique ou électronique devient une circonstance aggravante.
Prenez votre mal en patience et investissez-vous dans votre entreprise
Face à une baisse d'activité saisonnière de l'entreprise ou de votre service ou en période de changement :
- Profitez-en pour faire ce que vous avez laissé traîner, organisez votre poste, profitez-en pour mettre en place des petits changements dans votre organisation du travail, rangez, nettoyez, réparez, innovez…
- Préparez la reprise de travail : les dossiers, le matériel, les outils… tout ce qui peut être fait à l'avance.
- Donnez un coup de main aux collègues qui, eux, ont toujours du travail dans leur service.
Important : soyez prudent, évaluez bien la situation avant d'alerter vos collègues au sujet de votre ennui, cela peut jouer en votre défaveur. Les temps sont durs. Ne parlez que si vous avez confiance et que vous n'êtes pas en concurrence.
- Formez-vous.
- Prenez des congés, votre employeur vous en sera reconnaissant. Prendre ses congés en période de sous-activité est bénéfique pour tout le monde.
Conseil : si la situation est difficile, consultez la médecine du travail ou votre médecin traitant.
4. Faites réagir votre employeur pour lutter contre l'ennui au travail
Parlez avec votre supérieur de votre manque de travail ou de vos tâches ennuyeuse, si vous ne le faites pas, la situation pourra s'enliser, personne ne saura que l'ennui vous a atteint. Préparez bien votre entretien, montrez-vous motivé par votre entreprise.
Vous pourriez ensemble trouver une solution à votre situation :
- Enrichir votre poste, vous confier de nouvelles tâches, vous confier un nouveau projet.
- Postuler à un poste en interne.
- Envisager des fonctions transverses auxquelles vous pouvez prétendre : référent en santé et sécurité au travail, référent hygiène, référent qualité, accueil des nouveaux embauchés, tuteur, formateur…
- Vous investir dans le CHSCT (comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) ou devenir représentant du personnel ou membre du comité d'entreprise.
Bon à savoir : l'ordonnance n° 2017-1386 du 22 septembre 2017 portant réforme du Code du travail a opéré une fusion des instances représentatives du personnel (IRP – délégués du personnel, comité d'entreprise et comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) en un comité social et économique (CSE). La mise en place des CSE est en cours depuis le 1er janvier 2018, au fur et à mesure des élections professionnelles dans l'entreprise, et devra être effective au plus tard le 1er janvier 2020.
- Entrer dans des groupes de travail sur des projets transversaux ou sur des projets de développement.
- Faire une formation et l’adapter aux aux besoins de l'entreprise et la faire valoir pour enrichir votre poste.
Conseil : en cas d'absence d'amélioration après l'entretien, envoyez-lui un courrier recommandé l'informant de la situation. Il est, dans le rôle et dans les obligations de l'employeur de fournir du travail à ces employés.
5. Envisagez de changer de poste
Si aucune solution en interne ne se profile, vous allez devoir envisager de changer de travail :
- Demandez un bilan de compétences. Vous pouvez le faire sans informer votre employeur, en dehors des heures de travail.
- Explorez le marché du travail :
- Faites une veille des annonces.
- Parlez-en autour de vous.
- Enrichissez et soignez vos profils sur les réseaux sociaux professionnels.
- Ne démissionnez pas, sans avoir trouver de solution.